
Jeudi après-midi, rue du Docteur Potain, nous avons découvert un lieu qui peut être qualifié d’alternatif : DOC ! qualifié d’après leur site d’espace de production artistique. Noémie Monier, artiste et présidente nous a accueillit et fait la visite de ce lieu, nous présentant à beaucoup d’artistes en résidence dans cet ancien lycée technique. Cette association permet à des centaine d’artistes de trouver un espace de travail et de partage dans ce contexte, je cite « où l’offre d’ateliers à Paris ne répond pas à la demande ». En effet, comme la ville Belleville, ils se sont posés la question de la location d’ateliers dans la ville de Paris. L’espace DOC est un peu le petit frère du collectif Curry Vavart. Ils sont encore à l’état de squat et peuvent être menacé à tout moment de fermeture par la direction de la ville de Paris. DOC est composé de 28 ateliers d’artistes et d’artisans ainsi que de deux ateliers de résidence – de 3 et 6 mois – ouverts sur candidature public. Les ateliers techniques sont ouverts également aux personnes de l’extérieur. Il y a aussi plusieurs évènements grâce à divers espaces d’expositions – l’ancien gymnase et l’ancien réfectoire – et des accueils de scolaire et d’associations de quartier.
Comme beaucoup de structures que nous avons vu, le DOC est organisé à la manière des Beaux-Arts : Les ateliers techniques à la disposition de tous ainsi que les ateliers qui sont souvent partagés par plusieurs personnes. C’est un schéma que nous avons également retrouvé à la villa Belleville. C’est aussi le fait que l’endroit ait été un ancien lycée qui incite les bénévoles à fonctionner de la sorte. Il y a un véritable désir de partage et d’ouverture sur l’ensemble de la création contemporaine. Il y a également une idée de transmission de la pensée contemporaine – avec l’Université Libre, qui m’a rappelé des mouvements de pensés alternatifs post-68 comme les collectifs du pavé, du Contrepieds et de la Trouvaille, issus de l’éducation populaire. Ils fonctionnent par prix libres des évènements et le prix de la location d’un atelier s’élève à 5€ le m².

Se pose la question dans un collectif comme celui-ci, comme dans tous les collectifs, de la répartition des tâches. Une partie entière est dédiée à cette question. C’est à mon sens et comme l’a confirmé Noémie Monier, le lot de toutes formes de vie en communauté. Il y a une assemblée générale mensuelle pour prendre les décisions du collectif. La plupart des bénévoles ont un emploi alimentaire. Les diverses cotisations ont servi à réaliser des travaux dans le bâtiment. Le DOC a des bonnes relations cependant avec les institutions même s’il ne faut pas oublier, comme mentionné plus haut, le fait que le bâtiment peut se faire réquisitionner à tous moments. Justin, l’un des artistes et fondateur de DOC a d’ailleurs confirmé cela, en mentionnant également le fait que ce bâtiment était également prisé de la part de nombreux autres collectifs. L’espace d’exposition est désormais géré par Daiga Grantina, qui nous a d’ailleurs reçu ce jour-là pour assister à l’installation des œuvres qu’elle présentera à la Biennale de Venise prochainement.
Ce qui est appréciable dans ce genre d’endroits alternatifs, c’est l’échange de bons procédés et la solidarité des bénévoles. Ces derniers s’échangent leurs connaissances et réalisent des projets pour DOC aussi parce qu’ils maîtrisent certains savoir-faire que d’autres ne connaissent pas. Par exemple, l’atelier de céramique est en train d’être mis en place par David, un artiste venant de Lyon qui s’est proposé pour le réaliser. Alexis, un serrurier de métier aide également à l’atelier métallurgie et a mentionné l’importance de cette entraider. Certains réalisent des travaux uniquement pour le bon fonctionnement du lieu.

Le lieu ayant des prix défiants toute concurrence, laissant une certaine liberté aux résidents, il est ce qu’on peut le plus rapproché de la production alternative. J’ai toujours l’appréhension que des lieux comme celui-ci, prenant de la notoriété, finissent par s’institutionnaliser en instaurant des prix plus chers et tombant eux-mêmes dans une certaine gentrification de leur origine de fonctionnement – comme ce fût le cas de 59 rue Rivoli par exemple. De plus, à noter que l’endroit est tout de même assez fermé au public – sauf à l’occasion de portes ouvertes – et Noémie nous a confirmé qu’il y a tout de même une demande de la part du quartier à avoir accès à cet espace.