
« Un peu plus de 35 en réalité. (rires) » Rosario Caltabiano nous a accueilli au sein de sa galerie rue des Envierges, entre un centre social et un salon de tatouage. Depuis 2010, cette galerie se fait une place dans le MAP, qui réunit des musées, galeries et institutions d’art à Paris. Rosario Caltabiano est un ancien étudiant italien de Paris 8, qui avait autrefois un atelier, mais qui eut envie d’organiser en plus des expositions. La galerie était une association. L’une des seules galeries à ma connaissance qui dialogue et travaille avec un centre social – le centre social Archipelia – en organisant notamment des visites et des ateliers avec les enfants. Après une visite de la galerie, les enfants répondent à plusieurs questions qui servent à établir les besoins et les attentes de chacun d’eux. Les ateliers sont conçus en fonction des réponses. Le reste de la galerie se trouver derrière où le travail plastique des enfants du centre sont exposés – œuvres en rapport avec l’exposition précédente. Cette pratique est louable, et des efforts sont réalisés pour amener également les adultes à se rendre à la galerie – les parents des enfants notamment. La galerie organise une buvette, réalisant un mini-vernissage des œuvres des enfants qui sont exposées également dans la galerie, mais il est vrai que les parents ne sont pas vraiment réceptifs. En effet, il y a malheureusement des restes de cette culture de « l’art contemporain pour les riches », qui fait que les gens d’une classe sociale moyenne ou basse ne se sentent pas les bienvenus dans une galerie. C’est quelque chose qui touche particulièrement Rosario Caltabiano.
Par la suite, la galerie est devenue également une société, déjà pour pouvoir réaliser un véritable travail de galerie, représentant des artistes et vendant leurs pièces, mais aussi pour s’affranchir d’un malheureux constat : Aux yeux des autres galeristes mais du monde de l’art en général, le fait d’être une association les faisaient passer pour des amateurs. On note bien le snobisme de la part d’une partie du monde de l’art contemporain. Rosario Caltabiano a mentionné en plus de ça le chacun pour soi des galeries à Belleville, un quartier qui est touché par la gentrification de ses lieux. Les bourgeois côtoient et vivent auprès des pauvres, ce qui entraîne un choc des cultures.

Il expose jusqu’au 23 février 2019 le travail de Chloé Poizat, que nous avons eu la chance de découvrir dans la galerie lors de notre visite. Il a parlé, en plus du travail de l’artiste, des conditions d’exploitation des œuvres de Chloé Poizat, des œuvres qui sont fragiles. Amélie Scotta à la Cité Internationale des Arts nous avait parlé du fait que les galeristes n’appréciaient pas les œuvres trop fragiles ou qui se conservent mal. Or ici, le propriétaire nous a simplement répondu « qu’il faisait ce qu’il pouvait » pour manipuler avec soin les œuvres de Chloé Poizat et de vendre son travail au mieux. C’est ce qui caractérise, à mon sens, un bon galeriste. Il assure la mise sous cadre des œuvres lors des achats pour rassurer le potentiel acheteur. J’ai particulièrement apprécié cette rencontre et c’était bien l’une des premières fois où je me sentais à l’aise dans une galerie d’art comme celle-ci !
